Une journée de vacances

Une vraie journée de vacances dans Paris, un jour de semaine où plein de gens travaillent. C’est possible, la preuve : je l’ai fait.

Pour des questions de logistique, ces vacances de février se sont passées à la maison. Et aujourd’hui ma progéniture ayant d’autres chats à fouetter, je suis parti seul baguenauder dans Paris [1].

Porte d’Orléans en bus, puis marche à pied le long du tram T3a, jusqu’à Bibliothèque François Mitterrand. Là j’ai discuté deux minutes avec un monsieur qui faisait la manche parce qu’il m’a demandé si je parlais espagnol, j’ai répondu « un poquito » (parce que vraiment, je ne parle que très peu d’espagnol), et il m’a expliqué qu’il venait de Roumanie en camion, et qu’il avait bien galéré. Je n’ai pas tout compris, je lui ai donné la dernière pièce qui me restait (mon porte-monnaie était presque vide, j’ai donné toutes mes pièces en me promenant ces jours-ci [2]). Il a râlé. Bon. Allez salut. Je te laisse ma pièce quand même ? Oui.

Puis je me suis posé pour lire dans un pub très particulier, celui où Ben m’a parlé pour la première fois du projet Nursit ; tiens c’est amusant, ce jour-là aussi je m’y étais posé avec un livre (bon sang, déjà dix ans).

Par sentimentalisme j’ai cherché sur la carte le burger au pulled pork qu’on a goûté à une autre occasion avec des gens qui me sont chers. Alors j’ai commandé ça, avec une bière étrange mais pas mauvaise [3].

Je laisse traîner mes yeux autour de moi, et je subis ce que mes oreilles grappillent. Un type en costard et cravate bleue avec son fils qui parle comme un châtelain exaspérant au serveur comme si ce dernier était son sommelier attitré, je décide de ne plus l’entendre et à la place je fais un demi-sourire en voyant deux chouettes amoureuses quadragénaires qui ne peuvent pas ne pas se toucher plus de deux minutes, qui le bras sur l’épaule, qui la main sur le genou ; elles ne peuvent pas s’empêcher de sourire et moi non plus. Je me donne une contenance en lisant mon livre et en mangeant salement.

(Au passage, Jean-Paul Dubois, j’aime vraiment beaucoup. En ai-je déjà parlé en ces pages ? Je vérifierai, plus tard.)

J’ai ensuite repris mon chemin, marché jusqu’à Jussieu en passant devant Le Monde puis en zigzagant dans les jardins du Muséum d’Histoire Naturelle, fait une pause en m’asseyant dans le métro jusqu’à Cluny-La-Sorbonne, passé un temps infini à mettre le nez partout chez Album comics, euh Momie comics attends non Album by Momie comics. Enfin je crois. Je cherchais un truc de Brian K. Vaughan ou de Jeff Lemire. J’ai déjà lu Descender et Ascender, alors quand je tombe sur Sweet Tooth, je me dis que pourquoi pas, après avoir le début d’adaptation par Netflix ? Va pour ça alors.

Continuant mon chemin je fais à nouveau un zigzag à pied, de Cluny-La-Sorbonne à la rue de l’Université en passant par plein de rues dont je n’ai pas retenu le nom, rue de Buci la librairie Taschen (accueilli fort sympathiquement par le libraire même si je n’ai rien acheté [4]), puis donc, rue de l’Université, d’abord la Galerie Gallimard qui expose sur « Le rire urbain », en référence à un livre qui a l’air très chouette, Le rire urbain (d’où le nom de l’expo, malin !).

Enfin, j’entre dans la Galerie Martine Gossieaux, que je couvais de l’œil depuis quelques semaines mais sans jamais y être à l’heure où elle est ouverte (seulement l’après-midi !), où j’ai conversé avec… Martine Gossieaux, justement, après avoir lu son interview dans Les arts dessinés n° 21, interview qui m’a fait découvrir la galerie (tout se tient). J’ai eu une petite émotion en voyant des originaux gigantesques, des sérigraphies épatantes (dites, dix passages de couleur, ça vous fait des images d’une beauté folle !). Nous avons parlé de Sempé, de sérigraphie, et de Sempé à nouveau (j’ai eu la chance de rencontrer le Monsieur et son sourire au siècle dernier, c’était quelqu’un de très gentil). Un petit peu d’émotion et beaucoup de sourires.

Et puis voilà le moment de rentrer. Je plaisante avec des gens sur un trottoir, je discute avec une dame qui tient ses deux gentils chiens en laisse à la gare du RER. Deux cents pages de Sweet Tooth pendant le chemin du retour, le genre de shoot que j’adore. Et je retrouve à la descente du train la dame et ses deux chiens, on rigole ensemble de la coïncidence et à la prochaine !

Voilà. C’était mon-jour-de-vacances-dans-Paris. Je le note ici, parce que c’était bien et que c’est important de se rappeler des bonnes journées, surtout quand on a mauvaise mémoire comme moi.

Notes

[1Alors que Belle des champs baguenaude dans les pâturages parce que Gotainer a du vocabulaire.

[2Ce n’est pas pour me vanter, c’est juste pour expliquer que voilà, mes poches étaient vides.

[3Dans ces pubs, ils ont toujours des bières étranges mais pas mauvaises. Le mec a voulu m’en refiler une qui avait un retour de romarin, j’ai dit non, quand même. Une ambrée, oui, merci.

[4Je suis entré dans une librairie et je n’ai rien acheté. C’est rare. J’ai été fort sur ce coup-là.

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