Mon manifeste écologique

Oui ça fait un peu pompeux, dit comme ça. Mais je suis chez moi ici, je fais ce qui me plaît. Et c’est réellement ça, en tant que décision affirmée et mise en place du changement.

Le dernier discours de Greta Thunberg, c’était un de trop. La même semaine j’ai pu écouter la conférence de Sébastien Brault, « On aurait pu sauver les abeilles, on a préféré sortir un nouvel iPhone ». Quelque chose dans ma tête est passé de « sympathique petite lycéenne » à « bon sang mais c’est la merde » (excusez mon langage mais il est temps d’arrêter de se voiler la face).

J’ai donc décidé de dire ici ce que je fais et veux faire pour que les choses changent — enfin, « changent », c’est un bien grand mot. Disons, faute de mieux, faire à mon échelle ce que je peux pour minimiser la catastrophe qui arrive.

En emménageant dans mon nouvel appartement cet été, j’ai eu quelques problèmes techniques. L’un d’eux concernait une fuite dans le lavabo de la salle de bains. Avec les enfants on a passé deux mois à se laver les dents dans l’évier de la cuisine. Maintenant que c’est réparé, on se rend compte de toutes ces choses qui semblent aller de soi dans nos conditions confortables (un robinet, un lavabo), et de leur fragilité. Il va m’être maintenant impossible de l’oublier.

Voilà ce que j’ai décidé pour mon foyer :

  • Limiter la viande : je ne mange plus de porc, presque plus de bœuf ni de poulet, une ou deux fois par semaine du poisson. Et puis les enfants rapportent que de toute façon ils mangent de la viande à la cantine tous les jours. Tous les jours. C’est fou.
  • Arrêter d’acheter chez Amazon (qui achemine des produits de partout, et qui de toute façon se fait remarquer tellement souvent comme piètre employeur que je préfère voter avec les pieds).
  • Arrêter d’acheter, d’une façon générale : on achète trop de trucs, de gadgets, etc.
  • Prolonger un maximum la durée de vie des objets électroniques (gros consommateurs de ressources). Par exemple j’écris cet article sur un vieil ordinateur très lent, qui vrombit dès qu’il a chaud (donc à peu près tout le temps), qui doit avoir 7 ou 8 ans. Sa batterie n’a plus aucune autonomie, qu’à cela ne tienne : ça n’empêche pas de s’en servir, ça limite juste un peu le confort de pouvoir se balader avec.
  • Ne plus prendre l’avion. Ah bin oui c’était bien pratique ; mais même pour faire des réunions, on doit pouvoir organiser le travail, profiter du temps de train pour les livrables qui demandent de la concentration — mieux encore : privilégier les télé-réunions. (Lire aussi Je ne prends plus l’avion (et vous devriez considérer de faire pareil) chez Joachim.)
  • Ne pas prendre la voiture plus d’une fois par semaine (en gros, pour les courses, ou pour un week-end en famille). Je marche davantage, je prends le vélo plus souvent. Depuis que je fais ça je vois le nombre de gens tout seuls dans leur voiture, c’est effarant ce gaspillage.
  • Mettre un gilet de plus pour ne pas monter le chauffage.
  • Prolonger la vie des vêtements : j’ai jusqu’à récemment été assez prompt à changer un vêtement abîmé plutôt que de le faire réparer (ou de le réparer moi-même), mais je me soigne.
  • Donner ce qu’on n’utilise plus (ça, ça fait longtemps que je le fais : Emmaüs est mon ami).
  • Réduire la durée des douches.
  • Consommer des produits de saison.
  • Adopter le magasin bio comme source principale de nourriture pour les courses de la semaine.
  • Privilégier les conditionnements plus gros pour yaourts et compotes (passer du pot individuel au pot de 500ml pour le yaourt, 800g pour la compote).
  • Ne plus prendre de nourriture à emporter, ne plus en faire livrer : c’est beaucoup trop d’emballages.
  • Ne plus fréquenter les fast-foods : même punition, même motif (après discussion et agrément des enfants, qui comprennent). En plus, les burgers maison c’est vachement meilleur (bon, il me reste à trouver des steaks de soja pour remplacer les steaks hachés de bœuf, je cherche encore).
  • Trier systématiquement les déchets (ça allait tellement de soi que je l’avais oublié dans cette liste, mais je l’ajoute après un retour de ma copine caribou !)

Voilà, ça c’est ce que j’ai commencé à appliquer.

(Voir aussi chez Tristan, une liste similaire. )

Il me reste à me rapprocher de l’AMAP locale, ce qui n’est pas évident avec ma vie actuelle mais de plus en plus nécessaire.

Sur le rézosocio, les copains suggèrent aussi (en vrac) :

  • Privilégier les circuits courts pour la nourriture
  • Privilégier la nourriture non transformée (et donc faire la cuisine soi-même) : ça demande pas mal d’organisation avec la vie en région parisienne, ça. Je dois prendre un ou deux repas préparés par semaine, pour les jours où je rentre tard.
  • Éteindre la box internet quand on n’est pas là.
  • Acheter des jouets d’occasion en cadeau (pour ma part j’en viens de plus en plus à offrir des cadeaux sans emballage, comme une sortie ou un restaurant)
  • Arrêter le café (j’ajouterais bien « arrêter le thé » pour la même raison d’empreinte écologique)
  • Arrêter le chocolat
  • Arrêter les bananes
  • Arrêter le lait
  • Arrêter la viande
  • Ne plus utiliser aucun plastique
  • Ne plus utiliser d’essence

Sébastien Brault présente plein de données (du GIEC, de Jancovici, etc.), très beau travail de synthèse qui fait penser qu’une partie revient à l’individu dans sa vie de tous les jours (consommation d’énergie, choix d’achats), et une grosse partie revient au système (industrie, système capitaliste porté par le « toujours plus » comme si la croissance était infinie, système politique qui le favorise). J’ai déduit de cette conférence, en particulier, qu’on n’était plus dans le « c’est pas moi c’est l’autre » que nous renvoient souvent à la figure des gens avec qui je discute. Non : c’est moi et c’est l’autre. Il faut donc faire le nécessaire à l’échelle individuelle, et voter avec les pieds pour que le système change. Comme disait Coluche, goguenard : quand on pense que si on arrêtait de l’acheter ça ne se vendrait plus.

Comme dit Emmanuel : En fait, décroître vitesse grand V.
Et d’ajouter que même ça, ça ne suffira pas. Je veux croire qu’au moins on ne se sera pas rendus sans combattre, qu’on aura contribué à limiter les dégâts. Sinon, comment pouvons-nous, nous autres adultes, regarder encore nos enfants dans les yeux ?

Mais en aucun cas je ne pourrais me défausser de ma propre consommation au prétexte que le voisin ou l’industriel du coin fait pire et qu’en regard ma consommation deviendrait alors anecdotique. Ce serait comparer des pommes avec des carottes et détournerait du sujet : qu’est-ce que je peux faire à mon échelle ? (pas celle de l’industriel), quelle attitude je peux développer ?

Commentaires

  • Dam_ned (4 octobre 2019)

    J’hésite encore à demander pour Noël et mes anniversaires "une copie de reçut de don à une cause humanitaire".

    Répondre à Dam_ned

  • Stéphane (4 octobre 2019)

    Dam_ned : C’est une très bonne idée, oui.

    Répondre à Stéphane

  • Cedric (8 octobre 2019)

    Tiens c’est amusant j’ai à peu près la même liste :)

    Et aussi un truc con : j’ai arrêté d’acheter ces gels douches et autres shampoings tous en bouteille plastique, et je suis repassé au bon vieux savon.
    Et même je saute avec bonne conscience les douches du weekend si je peux…

    Répondre à Cedric

  • Stéphane (9 octobre 2019)

    Cedric : Ah oui, pareil le savon en bloc. Pour les cheveux je suis encore au shampooing, j’ai le cuir fragile 😉

    Répondre à Stéphane

  • Soph (18 octobre 2019)

    De Bretagne je te remercie pour la diminution de consommation de cochon. La civilisation de la tranche de jambon agro-industrielle est une infamie environnementale. Certains ont la chance d’avoir pas trop loin des fermes où les cochons ne sont pas au goulag mais c’est rare.

    Je pense qu’il est possible d’élever des poules de manière relativement acceptable. Par exemple des fermes qui produisent œufs + pommes. Les poules en liberté sous les pommiers basse tige les débarrassent de certains insectes tout en déposant du fertilisant…

    Mais… le poisson ? De mon côté pour croiser les pêcheurs au port et en mer j’ai arrêté. Leurs pratiques sont irréfléchies (et parfois cruelles comme la mutilation de dauphins), ils perdent des tonnes de plastique en mer, se comportent comme des furieux (vu la difficulté du métier certains stimulants sont extrêmement courants) et leur course à la puissance leur fait consommer des hectolitres de gasoil non taxé. Alors bien sûr si j’ai l’occasion de croquer un poisson pêché à la ligne par un gars tout seul qui risque sa vie au milieu des déferlantes pourquoi pas, mais tout ce qui vient d’un filet, d’un chalut, de casiers géants ou d’une ligne longue non merci. Pas plus pour l’élevage, sauf en rivière où c’est un poil plus visible quand on pollue tout autour.

    Merci de toutes les pistes que tu cites !

    Répondre à Soph

  • Pour les burgers sans viande, il existe des produits tout prêts en grand surface (Sojasun je crois sont les + faciles à trouver, et Herta s’y met je crois), sinon sur le web, tu trouveras des recettes aux lentilles, aux betteraves et autres...
    Je suis le site Simonae (par son flux RSS) qui propose une sélection de recettes véganes chaque semaine, et c’est inspirant. Cela permet aussi de découvrir des blogs végé et de parcourir d’autres recettes. Après faut expérimenter, clairement !

    https://simonae.fr/loisirs-diy/cuisine/vcv/vendredi-vegane-15-special-burger/

    Répondre à Mère Teresa

  • Stéphane (26 octobre 2019)

    Mère Teresa : Pour les burgers un magasin bio a ouvert pas loin, et bim : burgers de soja ! On est sauvés ! 🙂

    Je note pour Simonae, merci.

    Répondre à Stéphane

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