Violence banale ?

Une discussion dans la rue, un policier qui cogne sans se départir de son sang-froid.

Hier soir à Paris, au coin de la rue de la Sablière et de la rue Hippolyte Maindron, vers 19h30, j’ai vu une de ces altercations quotidiennes qu’on entrevoit souvent, et je me suis arrêté.

Deux policiers en civil —je déduis que ce sont des policiers à la grosse, grosse bombe lacrymogène accrochée à l’arrière de leur ceinture— discutent très fort avec une dame peut-être un peu ivre.

Je n’entends pas tout, mais l’un des deux policiers, qui n’a rien à craindre d’elle (il est carré, elle est chétive), s’écrie « Tu vas te casser maintenant ! » et lui met un gros coup de pied dans la cuisse.

Un grand coup de saton dans la cuisse, tu vois ce que c’est ? Tu le sens ?

La dame s’appuie sur un plot du trottoir, elle est tordue, elle se tient la jambe, elle demande « Pourquoi vous me tapez, qu’est-ce que je vous ai fait ? »

Je suppose :

  • que c’est l’état d’urgence et que la police est sur les dents
  • qu’il a dû déjà lui demander dix fois de partir

Je suis fils de flic, j’ai entendu mon père me raconter des dizaines d’interventions, je ne l’ai jamais entendu me dire qu’on tape sur quelqu’un qui n’est pas soit en train de vous taper, soit en train de se battre et qu’il faut séparer/calmer.

On ne peut même pas parler de bavure : le policier que j’observe est en pleine possession de ses moyens, tranquille comme je le constate juste après. Ce que je vois, c’est une violence presque banale, à laquelle ce policier ne réfléchit pas (et son collègue ne calme pas le jeu, ne s’en mêle pas, reste prêt à lui prêter main forte).

Une violence exercée en toute impunité par un représentant de la loi, loin de l’exemplarité qu’on attend de lui. En tant que citoyen, je m’inquiète.

Commentaires

  • Perline (2 décembre 2015)

    Tu es resté pour voir si la dame voulait bien que le samu vienne ?
    Tu as expliqué au SAMU ce qu’il s’était passé ?
    Tu as proposé, au SAMU et à la dame de témoigner si elle portait plainte ?
    Tu as imprimé le visage des deux messieurs non identifiés et violents envers une personne non dangereuse, dans la rue, une dame ?
    En tant que citoyenne, je m’inquiète qu’avec un tel œil, il ne puisse pas, ensuite, servir.

  • T (2 décembre 2015)

    $ create bavurepoliciere.tumblr.com

  • Stéphane (2 décembre 2015)

    Perline : Je n’ai pas dit qu’il y avait une ambulance et des policiers en tenue sur les lieux, suite à un accident sur lequel ils venaient d’intervenir. Je suppose que les policiers en civil étaient là soit parce qu’ils étaient dans le quartier, soit en renfort.

    Ils étaient de dos.

    J’aimerais te répondre que je ne suis pas intervenu pour éviter un esclandre (c’est ce qui serait arrivé de toute façon, j’en suis sûr), mais je n’ai juste pas osé et je n’en suis pas spécialement fier.

  • Stéphane (2 décembre 2015)

    T : Ce n’est pas une bavure, c’est un abus de pouvoir.

  • Perline (2 décembre 2015)

    Oui, oui, j’ai bien compris que personne n’avait appelé le SAMU.
    C’est la base de mon intervention... Il FALLAIT appeler le SAMU, à partir du moment où la dame boîte et a été touchée.
    C’est une intervention qui coûte peu, puisque ce sont eux qui prennent en charge.
    Et on peut rester pas loin, sans intervenir.
    Ou intervenir, en tant que secouriste, pour soulager la dame qui à l’évidence a mal.
    Quand ça t’arrivera, personne ne sera là...

  • Stéphane (2 décembre 2015)

    Perline : Je me suis mal exprimé, j’ai l’impression : il y avait bien une ambulance au même coin de rue.

  • duke (3 décembre 2015)

    Salut,

    Je m’inquiète que personne n’intervienne dans ce genre de cas... Je ne suis pas un héros et je ne veux pas d’emmerdes mais j’ai déjà assisté à ce genre de scènes et j’ai vu la puissance du nombre : un attroupement causé par des passants témoins d’une scène d’abus. Ne serait-ce que 5 personnes qui s’attroupent, ça dérange le fonctionnaire qui abuse... Ça dérange le collègue du fonctionnaire qui n’a rien demandé. Ça rassure et protège la victime d’abus. Même des policiers équipés pour une émeute vont hésiter lorsqu’il sont en sous-nombre. C’était une soirée sur une place publique à Montpellier.

    Une fois j’étais tout seul et j’ai vu des flics virer un sdf sur une allée fréquentée. Je me suis glisser entre eux et j’ai tiré le sdf par la manche et disant bien fort "aller on va manger tu te souviens ?". Le temps de faire ça et déjà plusieurs personnes se retournent et les policiers de pas être trop tatillons, ils ont laissé tomber. Bien fait. J’ai offert un sandwich au sdf et je me sentais bien. En accord avec les valeurs du pays, les lois et surtout : les gens. Même ces policiers je les respecte :D

  • Pascale (5 décembre 2015)

    Perline : Hier soir en passant, j’ai vu une de ces altercations quotidiennes qu’on entrevoit souvent, et je me suis arrêtée.

    C’était sur un site où une internaute s’en prenait durement à un blogueur qui avait écrit un petit article sur la banalisation de la violence.
    Sur le coup j’ai regardé ça sans rien dire, parce que je ne savais pas quoi dire.

    Et puis je me suis ravisée : derrière un écran, on se sent tellement fort et c’est tellement facile de juger. C’est tellement facile de faire des raccourcis, de faire la morale et d’en mettre des couches de yavait-ka, fallait-faire.

    Je me garderais donc bien de vous juger chère Perline, mais permettez-moi quand même de vous dire que celui que vous tancez aussi vertement est un mec sensible, gentil, adorable. Je vous dit cela parce que je n’imagine même pas que vous puissiez tenir de tels propos si vous le connaissiez.

    Donc allez donner vos leçons ailleurs, il n’en a pas besoin.

    Allez viens Steph, que je te fasse un câlin licorne. Tu es mon héros à moi de toute façon :)