Music Hole, Camille

Un très bon troisième album, joyeux et inventif.

Camille m’épate.

La première fois qu’on me l’a faite écouter, à l’époque du Fil, c’était dans de mauvaises conditions, dans une voiture, en papotant. J’en ai retenu que c’était la dernière représentante du groupe des chanteurs francophones anémiques, qui bluffent à coups d’échos, de chœurs et de mélodies acidulées pour masquer leur manque de voix.

Je n’avais donc clairement pas fait attention, ni à la voix ni à la technique.

En prenant un peu plus le temps —on ne m’a presque pas laissé le choix, même si j’avais fini par comprendre que j’avais une vision un peu limitée du phénomène—, j’ai découvert une énergie folle, une inventivité, un jeu avec les canons (au double sens de « ce qui est communément admis » autant que de « chant à plusieurs voix qui se répètent et se répondent »), une joie dans la musicalité, une maturité étonnante pour une personne si jeune ; bref, une chanteuse habitée.

Voilà donc le troisième album. Contrairement aux deux précédents pour lesquels j’ai tergiversé avant de me rendre complètement, je n’ai plus eu aucune hésitation avec celui-là.

Camille, on peut acheter de confiance. (on dirait presque un slogan de réclames des années 60)

Cet album est plus varié encore que les précédents. Camille joue avec les poncifs et les détourne : la disco de dance club dans Money Note, la arènbi dans Waves, le chant lyrique déjanté dans The Monk, le cabaret pastiche dans Cats and Dogs, et même la revue de météo marine hilarante dans Waves !

Ses influences sont toujours là. On pense souvent à Bobby McFerrin (plusieurs pistes avec la même voix chantant des trilles différentes, la base vocale de basse dans Home is Where it Hurts), à Kate Bush (Katie’s tea en référence évidente à The Dreaming), et plus subtilement à Tori Amos pour le détournement d’instruments. Tori Amos disait il y a quelques années qu’elle essayait de remplacer un orchestre entier par un piano, et je retrouve un peu cette démarche avec les traficotages de Camille : deux mains et des cordes vocales, et voilà l’illusion d’orchestre complète avec ses percussions corporelles. Certains morceaux m’évoquent même le Paul Simon de Graceland.

Sa folie douce, sa voix sucrée-salée, sa capacité à sauter du mezzo-voce à l’hystérie font de Camille un genre de Björk à la française.

L’année n’est pas finie, mais il y a fort à parier que ce Music Hole soit l’album francophone de l’année. Camille réussit le tour de force, alors que je ne vous parle que de ses références depuis le début de cet article, d’être en même temps profondément inventive. Elle nous livre une musique tantôt douce tantôt colérique, personnelle et inventive, habitée et énergique.

Bref, cet album est son Grand Œuvre.

Commentaires

  • Mimi (9 mai 2008)

    Ben écoute, j’en entends que du bien de cette album, ma cousine m’en a parlé et elle va la voir à Artrock... J’pense que je vais l’acheter, les deux premiers m’avaient déjà bien plu.

    Répondre à Mimi

  • mikael (22 février 2009)

    bonjour, super votre site et très accessible. Un régal alors continuez. mikael.penaud@orange.fr 0688937332

    Répondre à mikael

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