Filets de poulet au beurre de cacahuète

Pour une fois, arrêtons de parler d’accessibilité numérique, et intéressons-nous à la cuisine. Voici une recette d’une simplicité enfantine qui vous fera vous exclamer, vous aussi : « Enfin une recette accessible ! »

Ingrédients

  • 4 filets de poulet (pour 4 personnes, sinon arrondissez à racine de 2 filets de poulet pour 1,41 personnes)
  • 1 pot de beurre de cacahuète crémeux
  • 1 bouteille d’huile d’olive
  • 20 cl de Curaçao Potemkine
  • 2 x 25 cl de Schweppes
  • 4 œufs
  • 200 g de lardons

Préparation

Pour faire cette recette accessible même au débutant, commencez par la tester pour vous-même afin de bien appréhender les dosages et le coup de main. C’est ainsi qu’on devient un bon marmiton : toujours tester ses recettes avant de les servir.

Sortez une planche à découper en bois (c’est un secret de boucher : le bois est beaucoup plus hygiénique que le plastique ou le marbre [1]) et émincez dessus les 4 filets de poulet (Ou 3,1416 filets de poulet selon votre nombre de convives, bien sûr [2]). Faites des morceaux à peu près carrés de 4 cm de côté.

Une fois ces morceaux coupés, vous constaterez qu’en guise d’émincé vous avez fait des cubes. Voilà, vous venez d’apprendre une fort jolie façon de couper le poulet. Non, non, ne me remerciez pas, c’est tout naturel. C’est le plaisir de transmettre le goût du travail bien fait qui m’anime. Ou alors remerciez-moi à la fin de la préparation (on peut toujours rêver).

Mettez ensuite les dés de poulet dans une poêle anti-adhésive dans laquelle au préalable vous aurez fait chauffer deux cuillères à soupe d’huile d’olive. Notez que l’huile d’olive est souvent un moyen simple d’assouplir les goûts en cuisine, de les enrichir sans effort.

Attention, faites bien chauffer l’huile avant de mettre les dés de poulet, pour bien les saisir.

Remuez un petit peu, même dans une poêle qui n’attache pas, pour commencer à dorer tous les côtés du dé.

Ajoutez assez vite une bonne grosse cuillère à soupe de beurre de cacahuète par filet de poulet (ou mc² cuillères si vous avez E invités, si vous me suivez toujours).

Remuez alors assez énergiquement : vous constaterez de toute façon assez vite que le beurre de cacahuète peut attacher même dans une poêle anti-adhésive. Ainsi va la vie, ma bonne dame.

Faites une petite pause pour vous servir 10 cl de Curaçao allongés de 25 cl de Schweppes. Regardez cette jolie couleur bleue, ces petites bulles légères et sautillantes. On en oublierait ce qui mijote. Ah, on a beau dire, crise ou pas crise, la vie vous réserve encore quelques petits moments de bonheur, allez !

En même temps que vous sirotez ce doux breuvage, n’arrêtez pas de remuer. Le beurre de cacahuète, ça attache, on n’arrête pas de vous le répéter, tâchez de suivre.

Au bout d’un certain temps, une dizaine de minutes environ, le beurre de cacahuète, après avoir rejeté un jus de graisse qui s’est mélangé avec l’huile, reboit toute la graisse. C’est un phénomène étrange, vous verrez, c’est très étonnant. Le plat commence à sécher, le beurre s’amalgame tout doucement.

C’est à ce point de notre cuisine que vous allez vous verser un deuxième verre de ce délicieux mélange : à nouveau, 10 cl de Curaçao dans 25 cl de Schweppes.

Vous commencez à sourire, les yeux dans le vide, en gardant la poêle du coin de l’œil ? C’est bon signe.

Le temps de boire ce deuxième verre, profitez-en pour mettre la table.

Cela fait, coupez le feu sous la poêle dès que votre préparation commence à sentir le chaud (ne vous inquiétez pas, même si vous vous pensez inexpérimenté : vous reconnaîtrez l’odeur à coup sûr. C’est assez proche du poil de chameau cuit au feu de bois.).

Servez tout de suite et goûtez immédiatement. Vous aurez alors, comme je l’ai eue quand j’ai testé cette recette chez moi, l’incroyable surprise de découvrir un plat d’une fadeur extrême, malgré toute l’attention que vous y aurez apportée.

Nous sommes entre nous, les enfants sont couchés, alors disons-le tout net : c’est franchement dégueulasse.

Mais (vous allez voir comme la vie est bien faite et le chef prévoyant) après vos deux apéritifs, bast !, tout cela n’aura plus guère d’importance.

Jetez donc toute cette préparation. C’est du gâchis, dites-vous ? Certes, mais on ne va pas se rendre malade pour le plaisir, que diable.

Fort heureusement, il vous reste les œufs et les lardons. D’où l’expression « aller se faire cuire un œuf » [3]. Vous n’avez plus alors qu’à astiquer votre poêle. J’avais prévenu que ça attache, mais noooooon, vous avez préféré siroter méchamment votre apéritif au lieu de touiller énergiquement.

Faites revenir les lardons, cassez les œufs dessus, et voilà une bête omelette. C’est simple mais honnête, ça tient ses promesses bien mieux qu’un homme politique au journal de vingt heures. On va pas se prendre la tête à cette heure avancée après avoir fait toute cette cuisine, si ?

Voilà, j’espère que ce petit intermède culinaire vous aura mis en appétit et vous donnera envie, à votre tour, d’expérimenter un peu de fantaisie et de nouveauté dans votre cuisine.

Notes

[1Et pour une fois que je ne dis pas de bêtises, je vous prie de le noter d’une pierre blanche.

[2Car voilà encore un secret de cuisine bien gardé : si vos invités mangent comme des vaches, il faut multiplier les proportions par pis.

[3Ah comme je vous gâte avec toute cette culture que je verse gratuitement sur vos crânes avides de savoir. Je me demande même si vous le valez bien, mais allons : ne soyons pas avares avec la plèbe. Moi aussi je veux pouvoir clamer en soirées : « J’ai mes pauvres (d’esprit). »

Commentaires

  • Neovov (1er avril 2009)

    Je vais l’essayer de toute urgence !

    Répondre à Neovov

  • karl (1er avril 2009)

    Meuuuh ! Mooo !

    Répondre à karl

  • Elie (1er avril 2009)

    Aaaaaaaah, formidable. Encore mieux que la recette du jambon de Bayonne aux poix cassés. Cette recette au curaçao Potemkine est un bien beau retour au berceau de la gastronomie.

    Répondre à Elie

  • Sanvin (1er avril 2009)

    J’en ai le curaçao à la bouche ! J’ai toujours dit que la cuisine était accessible à tous (après moult boissons enivrantes !)

    Cuisine accessible

    Répondre à Sanvin

  • Yves T. (1er avril 2009)

    Il est d’autant plus savoureux (c’est le cas de le dire) que cette initiative soit à porter au crédit de quelqu’un qui se permet, tous le jours, au moment de prendre son repas au restaurant d’entreprise, de remplacer "bon appétit !" par "Bonne chance !"

    Répondre à Yves T.

  • Pascale (1er avril 2009)

    pfffff, mais enfin Stéphane, ce n’est pas avec du poulet qu’il faut faire ça, c’est avec des filets de Merlan (frits, bien sûr) !

    Répondre à Pascale

  • Stéphane (1er avril 2009, en réponse à Pascale)

    Tiens d’ailleurs tu me fais penser que je dois aller chez le coiffeur.

    Répondre à Stéphane

  • sanvin (2 avril 2009, en réponse à Pascale)

    Pour ma part, j’ai un faible pour les maquereaux, mais moi ce que j’en dis...

    Répondre à sanvin

  • tetue (10 avril 2009)

    Hmmmmmm...

    Répondre à tetue

  • Basile (9 avril 2020)

    Géniale recette... et savoureuse lecture !
    Haïku gastronomique, que j’ai hâte de réciter aux fourneaux (aux plaques et aux billots).

    Répondre à Basile

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