Dingo Jack Stories, par Pixel Vengeur

Il faut parfois dire aux gens ce qu’on pense, sans fards, même bretons. Pixel Vengeur sort un album et pour une fois que je peux parler d’actualité en bande dessinée sans avoir dix ans de retard, hop allons-y. Ah zut, c’est un recueil de trucs qui ont commencé voilà dix ans. Ce sera pour la prochaine fois, tiens. Vous perdez rien pour attendre.

Ami lecteur, il est temps. Oui, grand temps que la vérité éclate comme une pomme mûre tombée de l’arbre, tellement mûre qu’elle se prendrait pour une tomate, tant il est vrai qu’Alzheimer peut s’en prendre à tout le monde, y’a pas de raison.

Si tu me suis toujours ami lecteur, il est grand temps que le monde sache la vérité : je lis Pixel Vengeur.

Avec du retard, certes, car j’apprends dans la préface à Dingo Jack Stories, son dernier opus (comme le marché [1]), que le bonhomme fait des blagues dans les illustrés depuis perpète. Pensez : l’an deux mille, ce fameux nouveau siècle qu’on nous dépeignait à grand renfort d’adjectifs comme l’année où les voitures volantes caracoleraient tandis qu’on enverrait des fax par pneumatique à l’autre bout de Paris !

Au final, tiens : que tchi ! Pas ça (les lecteurs du premier rang pourront témoigner auprès des autres, notamment ceux qui se foutent au fond près du radiateur alors qu’il sont franchement bigleux, merde les mecs c’est pourtant pas faute de vous l’avoir déjà dit de vous rapprocher, hein ?). Où j’en étais ? Ah oui : « pas ça ! » fais-je en tirant avec mon ongle de pouce sur mes incisives jaunies certes, mais supérieures.

Oui alors donc, pas ça ! Et même, même, dix ans plus tard, voilà-t-il pas que certains Philippulus (d’aucuns plus cultivés saisiront à l’instant l’allusion [2]) nous promettent la fin du livre papier dans quoi, peuh, deux, trois semaines, le temps que tout le monde ait un aïe-padeçalisette [3].

Pendant ce temps-là, Pixel Vengeur, lui, a utilisé son ordinateur pour ajouter des trucs, enrichir, embellir, on va même dire enluminer parce que de nos jours sous prétexte de modernité on jette les mots à la poubelle de la désuétude comme le moindre gadget électronique (haha, obsolescence planifiée, je sais où tu habites, t’approche pas ou je t’en mets une). Or adoncques, Pixel Vengeur prend le meilleur de ce que son ordinateur peut offrir et l’injecte dans ses petits miquets, pour faire un truc assez chiadé graphiquement, tu vois ?

Il y a longtemps que la bande dessinée ne me fait plus m’esclaffer bruyamment. Ce temps est révolu, bah, bah, bah, depuis que Franquin s’en est allé avec sa déprime. Et moi je reste avec mes questions : comment on peut être aussi marrant tout en déprimant ? Hein, je te le demande ?

Bon, je voulais te parler de quoi déjà ? Ah oui, les onomatopées. Te voilà prévenu : ce qui m’a décidé au premier chef [4] à te parler de Pixel Vengeur, c’est son talent pour l’onomatopée burlesque, que rien qu’avec ça tu sais tout de suite que tu as affaire à un as, parce que rares sont ceux qui me font rire bruyamment en écrivant des bruits, et ils se comptent sur euh attends : Franquin, Tome et Janry, Larcenet, et voilà, fermez le ban. Maintenant tu sauras qu’à mon panthéon des onomatopeurs il y a aussi Pixel Vengeur. Par exemple, page 24 : PLOP, zboinnng, ZLOP, VLOBA !, BLO, BRAGA, VLOOF !

Tu vois si je ne t’ai pas menti, hein ?

Et puis si je devais encore dire pourquoi l’homme me plaît, c’est parce qu’il a une culture immense en bande dessinée ; la preuve : je comprends presque toutes ses références. C’est bien une preuve que c’est un homme de goût, tu avoueras ?

Alors voilà. Je t’écris tout ça comme je le pense, là, en quelques minutes de mon temps de ministre [5], parce qu’il n’est pas juste qu’un être exceptionnel comme Pixel Vengeur ne soit pas célébré hors des pages de sites spécialisés en bande dessinée (alors qu’ici on parle de euh... enfin c’est toi qui vois).

Alors donc, si tu es encore là à me lire au lieu de faire des trucs intelligents, cours acheter Dingo Jack Stories, et toi aussi crie au monde que tu aimes Pixel Vengeur. Ah et s’il te reste du fric, et que tu aimes Moebius, jette-toi z’aussi sur La Planète Sans Nom. Et si tu aimes Alex Raymond, alors va acheter Une aventure intersidérale de Splash Gordon dans Mondo Fury. Et si tu aimes Machin-j’oublie-son-nom-mais-j’ai-pas-toute-ma-bibliothèque-sur-moi, achète Le Fantôme en Tergal contre la Légion Damnée du IVè Reich. Oui, ça fait beaucoup, mais va demander un prêt à ta banque, tu me remercieras après ; allons, allons, ce n’est rien, j’aurais donné le même conseil à n’importe qui.

Que des légions de vierges déposent des pétales de rose sous les pieds de Pixel Vengeur. Et si avec un article comme ça j’ai pas droit à ma dédicace, c’est que c’est vraiment un gros bâtard.

(et puis sinon pour les gens de goût on parle de Belle du Seigneur sur ce site, mais c’est ma douce qui s’en charge parce que moi sans images je ne comprends rien, tous ces mots, ralàlà, et je voulais déverser mon trop-plein d’amour sur tous les gens que j’ai vus à Paris Web, ça va venir mais ça se commande pas, j’ai l’écriture éjaculatoire, on fait ce qu’on peut, hein).

Post-Scriptum

Mince, je découvre ce matin qu’il y a un bonus collector, indiqué en petit sur la quatrième de couv’. Je ne l’ai pas, je suis trihiiiiiste.

Notes

[1Oui parce que vous voyez, ça fait « marché aux puces », c’est de l’humour très sophistiqué parce que je suis élitiste.

[2Et d’aucuns encore plus cultivés que les premiers saisiront cette deuxième allusion à F’murrr, un des génies de l’humour en bande dessinée, mais j’y reviendrai.

[3Oui, celle-là m’a été refusée par les Calembouristes anonymes mais je n’aime pas jeter.

[4« Où est le prévenu ? » « Au premier, chef. »

[5Tiens d’ailleurs vous avez remarqué, les hommes politiques, dès qu’ils sont au pouvoir, ils te sortent un ou deux livres. Ça doit être vachement reposant le pouvoir, dis donc.

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