Conventions de représentation et usages

Des gens parlent par gestes dans la rue en s’appuyant sur des usages trop anciens pour qu’ils les aient connus.

Dans la rue piétonne près de mon bureau, un jour de marché, les étals encombrent presque tout l’espace. Le vendeur polonais de journaux à deux Euros (ces trucs qui tachent les mains mais, plus important, qui permettent aux gens de s’en sortir) est devenu depuis quelques années un habitué des lieux, toujours campé à la même place, près de l’endroit le plus passant.

Il fait partie du décor et tout le monde le connaît. Un des maraîchers l’interpelle : Hé, je t’ai vu à la télé, samedi !

Le vendeur de journaux ne comprend pas ce que l’autre lui dit. Ce dernier reprend, en petit nègre : Toi, à la télé, samedi.

Il assortit sa parole d’une pantomime digne des films muets : il met sa main gauche devant son œil pour faire un viseur, et sa main droite tourne une manivelle imaginaire, comme on pouvait le faire il y a quatre-vingts ans quand la pellicule n’était même pas encore motorisée.

Je repense alors que sur le web on « coche des cases », on « pousse des boutons », on « remplit son caddie ». Les conventions de représentation durent beaucoup plus longtemps que les usages qui les ont engendrées.

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