Michel Onfray et l’école

Une remarque sur l’école sur Twitter, et 140 caractères c’est trop court.

Cité par Guillaume Champeau, Michel Onfray aurait dit « L’enfant entre à l’école avec des questions. L’école lui demande d’apprendre des réponses à des questions qu’il ne se pose pas. »

Quant à moi je m’exclame en passant que c’est de la démagogie, et comme il paraît que je dois m’en expliquer, exécutons-nous.

Tout d’abord, cette vue de l’école est rétrograde et renvoie les gens à leur expérience de l’école, qui est toujours considérée comme l’endroit où l’on n’apprend rien et où l’on s’ennuie.

Et pour fréquenter des enseignants, je vous confirme qu’on ne fait pas que s’y ennuyer, ni que subir les ânonnements des instituteurs. On n’est plus à la communale : on y répond aux questions des enfants. On y enseigne aussi aux enfants à se tenir en société (ah oui, effectivement, voilà des questions qu’ils ne posaient pas).

Je ne dis pas que c’est le seul endroit où l’on apprend, pas plus qu’il n’est adapté à tout le monde. Mais jeter le bébé avec l’eau du bain, il ne faut pas exagérer.

Alors oui, je dis démagogie. Facilité, renvoi à des expériences jamais totalement positives.

Et puis, ce qu’on m’y a appris que je ne venais pas y chercher, j’ai eu la chance qu’on me le donne, en plus du reste.

(Note rédigée très vite, pas le temps mais vous voyez l’idée.)

Commentaires

  • Emmanuel (2 décembre 2013)

    > L’enfant entre à l’école avec des questions
    Est-ce bien sûr ça ? En attendant on peut être sûr d’une chose : les parents de l’enfant sont dans l’obligation de l’envoyer à l’école 🙂

    Répondre à Emmanuel

  • karl (3 décembre 2013)

    Emmanuel : es-tu sûr ? Il y a obligation de scolarisation ? Mais est-ce qu’il y a obligation de l’envoyer dans une école ? Je pense à l’éducation à la maison.

    Pour la phrase citée sur twitter, sans le contexte, on peut tout imaginer en effet de la démagogie, à la stupidité. Je vais faire un autre raccourci. L’éducation est une forme de fascisme ;) Et hop en deux coups de cuillère à pot, je fais mon point Godwin. Éduquer est en partie former selon certaines valeurs, c’est donc prendre un esprit relativement vierge (passons sur les notions innées/acquises pour simplifier) et le programmer à certains comportements. Bien sûr, l’anti-phrase ne fait pas de sens non plus : l’absence d’éducation est la liberté. L’expérience interdite de l’enfant sauvage, etc. etc.

    « L’enfant entre à l’école avec des questions. L’école lui demande d’apprendre des réponses à des questions qu’il ne se pose pas. »

    La première partie de la phrase est une lapalissade. L’enfant a des questions qu’il rentre à l’école ou ailleurs. La tournure de la phrase nous incite à penser que l’enfant rentre à l’école pour obtenir des réponses à ces questions. Ce qui n’est bien sûr pas le cas. Mais cette première phrase est la manipulation pour la seconde partie.

    La seconde partie nous dit que l’on s’oppose aux désirs de la première partie.

    Redéroulons dans l’autre sens, l’école est en effet programmée pour formatter les enfants dans un moule politique, philosophique, économique, culturel particulier même avec toutes les meilleurs intentions du monde de l’enseignant. Être éduqué en France n’a par exemple rien à voir avec être éduqué aux États-Unis. Pas les mêmes pratiques, pas les mêmes valeurs (patriotisme, religion, etc.). Donc oui en ce sens, on demande à l’enfant d’apprendre des réponses à des questions qu’ils ne se posent pas.

    Deuxième manipulation de la phrase (hors contexte, je précise), c’est de nous faire penser que cela ne se passe qu’à l’école. Cela se pose à la maison, dans la famille, à travers la télé, etc. On nous formatte encore. :)

    Donc pour moi, ce n’est pas tant de la démagogie que de la provocation facile ;) Cependant, j’aimerais avoir le contexte complet.

    Répondre à karl

  • Gaël Poupard (3 décembre 2013)

    Je rebondis aussi un peu sur les précédents commentaires : non en effet « l’école » n’est pas obligatoire, c’est l’instruction qui l’est. Et cela peut se faire hors du système scolaire.

    Et comme le dit Stéphane, pour côtoyer des enseignants de très près, je sais que leur principale activité est de s’adapter à chacun de leurs élèves pour leur délivrer un enseignement « au plus juste » et à leur portée.

    Je dis ça car si l’on suit le raisonnement de cette phrase provocatrice, puisque que chaque enfant entre à l’école avec ses propres questions, l’école devrait répondre aux questions de tous les enfants. Et à moins de prévoir un enseignant par enfant (ce qui semble compliqué à l’heure actuelle :D), je ne pense pas que cette réflexion aboutisse.

    La principale composante de l’enseignement primaire repose sur « le socle commun » dont l’objectif est que chaque enfant puisse acquérir les mêmes connaissances et compétences au cours de sa scolarité. Mais effectivement, certains enfants n’ont ni besoin ni envie d’apprendre tout ça…

    Bref, un coup d’épée dans l’eau.

    Répondre à Gaël Poupard

  • Emmanuel (4 décembre 2013)

    Karl : « Emmanuel : es-tu sûr ? Il y a obligation de scolarisation ? Mais est-ce qu’il y a obligation de l’envoyer dans une école ? Je pense à l’éducation à la maison. »

    Oui, tu as tout à fait raison, j’y pensais en l’écrivant. J’aurais dû dire « scolarisation » pour être plus précis.

    Répondre à Emmanuel

  • Et n’est-ce pas merveilleux de trouver des réponses à des questions qu’on ne se posait pas ? N’est-ce pas ça aussi l’enseignement (et, vous l’aurez compris, je suis partie sur un périmètre plus large que l’école, là).

    Si l’enfant a des questions, l’école est une occasion – parmi d’autres, il y a tout ce qu’on fait faire à un enfant en dehors de l’école aussi pour ça ! – de les poser.

    Mais si l’école ne répondait pas à des questions qu’on ne pose pas – si nos rencontres fortuites ne nous parlaient pas de sujets auquel on ne s’intéresse pas, qu’est-ce qu’on raterait ! Que ce serait triste !

    Répondre à Delphine M.

  • Raphael F (23 juin 2015)

    Je voudrais signaler que si nous mettons la phrase dans son contexte, nous pourrions mieux comprendre ce que veut dire Michel Onfray. En effet, j’ai écouté avec beaucoup d’attention diverses conférence. Je me rappel de cette phrase et ce qu’il voulait dire, c’est que l’école ne répond pas forcément aux questions des enfants mais va faire apprendre des choses qui peuvent lui sembler ou lui être effectivement inutiles comme connaître la vitesse de débit d’un fleuve, lire un extrait de texte sans s’intéresser à l’auteur. Tout cela, sans tenir compte des demandes, des curiosités des enfants.

    Pour ma part, je suis en partie d’accord avec lui. En effet, beaucoup de jeunes quittent l’école car ils ne voient aucunes utilités dans l’apprentissage de choses qu’ils ne serviront jamais. Ils sont souvent cloisonnés à rester assis et écouter le professeur, l’enseignant. J’en fais l’expérience avec ma fille en maternelle et quand elle commencera la première année.

    Il me fait alors sourire de voir que nous parlons de démagogie dans le cadre de ce que Michel Onfray peut dire mais il faut effectivement le mettre dans un contexte et écouter la suite de son discours dans lequel se trouve cette phrase. De cette façon, nous pouvons mieux comprendre sa pensée.

    Répondre à Raphael F

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