Mon Paris Web 2013

Hé bien moi, j’ai aimé.

Voilà une semaine que Paris Web s’est terminé, on se remet doucement et des avis intéressants et construits ont eu le temps d’être écrits.

Tandis que le staff collecte une liste des comptes-rendus, je voulais faire le mien, mais je vais plutôt relire ceux des autres et tâcher d’y réfléchir un peu.

Commençons par Marie :

Néanmoins, je crois que je comprends, aujourd’hui, ceux qui continuent à assister à Paris Web, même si le programme « ne les intéresse pas plus que ça ». Je n’irais pas jusque-là, car j’y apprends toujours des choses, mais clairement cette année, c’est l’aspect humain qui m’a le plus nourrie !

Oui, c’est aussi ce qui me nourrit. Je vais à Paris Web au moins autant pour le bonheur de rencontrer tout ce petit monde que pour les conférences elles-mêmes [1].

Le risque, bien noté aussi par Vincent de Trois point zéro, c’est de tourner en rond entre nous et de verser dans le nombrilisme.

Alors, état de l’art ou nombrilisme ?

Soyons réalistes et quittons le monde enchanté des bisounours : nous sommes tous d’accord sur des grands principes, des idéaux d’accessibilité, de « beau » codage, etc. Mais nous dépendons tous d’un client, et celui-ci a parfois des idées aussi saugrenues que de vouloir toucher les navigateurs IE, de vouloir un comportement relativement identique (à la rigueur la fameuse dégradation gracieuse) sur les différents browsers, d’avoir des délais incompressibles et souvent courts. Pire : en plus d’avoir des idées, c’est lui qui tient les cordons de la bourse…

Ça me donne presque envie de proposer une conférence, tiens : quand on vient d’une entreprise où les chefs de projet n’ont pas le choix (leurs développements doivent être accessibles), et qu’ensuite on arrive en agence (où le client n’en a pas spontanément grand-chose à faire), on doit reprendre à zéro l’évangélisation, par d’autres biais.

Cela dit, on n’est pas des bisounours à Paris Web, quoi qu’on puisse en croire. Cette conférence s’est fondée sur l’évangélisation aux bonnes pratiques, au « mieux faire » : en 2006 la même personne aurait dit qu’on est bien mignons avec nos standards et notre accessibilité minimale, mais les clients s’en foutent. Et aujourd’hui tous les intégrateurs que je rencontre valident leur code, et tout le monde fait le minimum syndical sur l’accessibilité. C’est mieux que rien, et en tout cas c’est entré dans les mœurs, plus personne ne le discute.

Par exemple, la conférence de Raphaël Rougeron ne disait pas « jetez IE tout de suite, » elle donnait simplement des pistes, un peu en avance de phase, pour ne plus systématiquement s’appuyer sur jQuery mais retomber un peu sur nos pieds avec du Javascript natif.

On en reparle donc dans cinq ans ?

Ah oui, aussi, chez Marie à nouveau, j’ai lu la surprise d’intégrateurs de grand talent comme Marie, Olivier Keul, etc. quand Steve Faulkner parle des sites montés en tableau. Comme le dit Steve dans sa réponse, quand on intervient sur l’accessibilité des intranets particulièrement, les pages montées à base de tables sont encore fréquentes. Tenez, pas plus tard que cet après-midi, je trouve encore un splendide damier… fait avec une table sur le site de SonarQube.

Je lisais aussi la discussion entre Marie et Olivier sur les niveaux des conférences, etc. C’est un problème récurrent pour les organisateurs de Paris Web : nous avons un mal de chien à évaluer le niveau de l’assistance, qui varie d’une année à l’autre. Pire, chaque année dans le même amphithéâtre certaines personnes sont hyper spécialistes, d’autres sont profanes sur le sujet présenté, d’où les impressions très hétérogènes entre ceux qui ont trouvé telle session particulièrement éducative tandis que d’autres auraient voulu un sujet très pointu. L’exercice d’équilibriste quand nous préparons le planning est un… exercice d’équilibriste, justement.

Pour preuve, l’excellente réponse de Steve chez Marie :

It should be noted I was not asked to present an advanced discussion. What I did try to do though was include insight into strategies to improve the outcome for users : Change in author conformance requirements vs change in implementation requirements vs evangelising best practice.

(Vous permettez, je vais continuer à réagir un peu en vrac ?)

Une tendance qui s’était amorcée avec les retours successifs de David les années précédentes sur Paris Web : Ceux qui savent déjà plein de choses s’y ennuient un peu.

J’étais moins séduite par les conférences cette année. Je suis un peu restée sur ma faim : il me manquait des prises de position, un débat, plus de temps pour les questions.

N’oubliez quand même pas qu’une conférence comme celle-ci essaie de vulgariser, informer, évangéliser ; elle est avant tout faite pour permettre à tous les gens qui n’ont pas la possibilité de faire fréquemment de veille technique de se poser deux jours et de remplir leur escarcelle.

Je serais curieux de savoir quelle conférence par le passé a fait dire à Romy « tiens, voilà une prise de position intéressante. » Sans compter que ça nous donnerait des pistes pour l’année prochaine, d’ailleurs.

Sur le temps de questions, les orateurs sont libres de leur temps : la plupart nous demandent de laisser dix minutes, ce qui est souvent bien peu (trois questions et puis s’en vont), mais qui permet aussi d’éviter les silences gênants quand un amphi ne croule pas sous les réactions du public.

Les informelles, initiées l’année dernière, permettent sans doute plus d’échange, même si au final je ne suis pas sûr qu’on en tire réellement quelque chose au même titre que d’une conférence construite et structurée. À méditer.

Une note mignonne d’Anne-Sophie :

Et puis surtout, on en ressort déprimé : on ne peut avoir confiance en personne et en sécurité, rien n’est vraiment infaillible !

Voilà donc quelqu’un qui a appris quelque chose aux conférences, CQFD ! Je suis depuis longtemps très paranoïaque quand j’ai un ordinateur dans les mains. Par exemple on se moque souvent de moi parce que même dans un environnement censément sain, je gère de manière très serrée mon pare-feu. C’est que ce « on » n’a pas connu les Nimda et autres worms qui ont traîné il y a une douzaine d’années dans tous les intranets, sains ou pas. La sécurité informatique la plus importante est celle qui se trouve entre la chaise et le clavier.

Adrien quant à lui note :

Là aussi cela ne fait pas partie de la baseline initiale et pourtant, je persiste à croire que les sujets techniques initiaux sont arrivés à maturité et qu’il est temps de pousser des sujets d’organisation. En me relisant, je me dis aussi qu’on avait peut-être pas encore le recul pour en parler et que bon nombre de chefs de projet se sont séniorisés et peuvent partager leurs retours d’expériences.

Adrien c’est mon copain. Je pense comme lui. Nombre de critiques de Paris Web ont assez de bouteille et d’arguments pour venir parler de leur expérience ; j’espère qu’ils sauteront le pas.

Notamment certains orateurs d’ateliers devraient amener des propositions de conférences du même niveau. Il y a un tel gaspillage le samedi, qui ne profite qu’à une quarantaine de personnes dans une salle quand ça devrait être dit en grand amphi, filmé et diffusé (suivez mon regard).

En guise de conclusion, vous voulez mon ressenti à moi ?

J’aime beaucoup la grand-messe que nous vivons pendant trois jours, je ne cèderais ma place pour rien au monde, que je sois selon les années conférencier, organisateur ou simple auditeur ; pour le plaisir de l’intelligence qui s’y déploie, pour les rencontres sans cesse renouvelées, pour l’énergie positive qui me rassure sur l’humain, tant sa capacité à partager que sa volonté de tirer des enseignements positifs.

Content de mes rencontres, heureux d’avoir retrouvé ceux que j’aime, et une pensée affectueuse pour ceux qui m’ont manqué. Un grand moment, un boulot formidable des staffeurs (ces gens qui ne sont sérieux que quand on ne les regarde pas), des interprètes LSF (encore une fois bravo), des cameramen, de la régie, des photographes, des étudiants qui nous ont prêté main-forte, et avant tout des orateurs qui sont le carburant des conférences.

Et tant pis si j’ai l’air d’un bisounours niais.

Notes

[1De toute façon quand on est dans le staff on ne voit que des bribes, on se rattrapera plus tard.

Commentaires

  • Stéphane (18 octobre 2013)

    PS : bien qu’y assistant en pointillés, j’ai aimé tout ce que j’ai entendu cette année.

    Répondre à Stéphane

  • Olivier (19 octobre 2013)

    Ça reste un bel événement incontournable ! C’est l’occasion unique de rencontrer des gens qui partagent une même vision du Web d’aujourd’hui et de demain.

    Je dis un grand oui pour ta conf en 2014. Tu nous feras une petite chanson aussi ? 🙂

    Répondre à Olivier

  • Nico (19 octobre 2013)

    Et je parie que ce seraient les mêmes qui gueulaient il y a quelques années : "comment ? Mais on ne code que pour IE, de toutes manières les clients ne veulent que cela"…

    En général, ce que je vois à Paris Web débarque dans mon taf quelque temps après. Et pour la surprise des intégrateurs de grand talent, il faudrait redescendre sur Terre : je récupère encore du bon site fait à coups de tableau de temps en temps. À trop croire que tout le monde bosse avec un incroyable niveau, on finit par perdre de vue la réalité : pour encore bon nombre de gens, l’accessibilité, c’est mettre des alt aux images. Je vois encore des erreurs de débutants chez des intégrateurs qui ont quelques années d’expérience.

    Après, j’aurais envie de leur dire : si vous êtes dans un environnement de si haut niveau, qu’attendez-vous pour écrire des tutos, des articles, des méthodes, etc. ?

    Répondre à Nico

  • Gaël Poupard (22 octobre 2013)

    J’ai été moi aussi plus qu’enchanté par toutes ces rencontres, ces discussions et ces conférences !

    Et comme le dit Nico, je ne suis pas sûr que tous les professionnels (qu’ils assistent ou non à Paris Web) aient une bonne connaissance de l’état du web. Peut-être une piqûre de rappel l’année prochaine ?

    Répondre à Gaël Poupard

  • Loïc M (25 novembre 2013)

    Je n’étais pas là cette année avec vous mais je me permets de réagir quand même ;)

    À celles et ceux qui ressortent en disant n’avoir rien appris : les enfants vous avez progressé ces dernières années et c’est donc le signe qu’il est temps de passer de l’autre côté et d’apprendre aux autres. Guettez donc les appels à orateurs des prochaines conférences auxquelles vous pourriez aller et partagez ce que vous savez.

    Répondre à Loïc M

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