Lu ce matin dans Metro :
L’anglais, ça s’apprend quand on est en âge de fréquenter les petites anglaises !
C’est Jacques Myard, député UMP, s’opposant à l’instauration de l’enseignement obligatoire des langues vivantes à partir du CP, hier à l’Assemblée Nationale, qui disait ça hier.
Oh, on peut toujours objecter que c’est un « bon mot, » et qu’en l’état le coup est réussi puisque Metro le relève, et nous en faisons de même à notre tour.
La réflexion mérite pourtant qu’on s’y arrête : dans notre foyer, où je suis assez versé en anglais et Madame en espagnol, nous donnons aux enfants des rudiments d’anglais et d’espagnol, donc, mais aussi de langue des signes, de chinois, d’allemand. Bref, des langues qui nous tombent sous la main, en quelque sorte.
Hé bien non seulement ce n’est pas trop dur pour eux, mais en plus ils en raffolent.
Pas plus tard qu’hier j’ai acheté deux livres pour enfants en anglais, juste pour le plaisir des sons, et pour celui non moins délectable de repérer ensemble les quelques mots qu’ils connaissent déjà : leurs yeux pétillent de joie au moindre mot reconnu. Ils aiment Neil Gaiman (The Wolves in the Walls, The Day I Swapped My Dad for Two Goldfish) autant que le Gruffalo (mention spéciale à la version anglaise qui est en vers).
Pour mon propre plaisir gourmand, je leur lis aussi un peu de Shakespeare parfois, pour l’oreille. Ils n’y sont pas insensibles, mais on ne saura jamais la part de plaisir sincère et celle qui veut faire plaisir à papa.
De même, de temps en temps on change les langues d’un DVD, quelques petites minutes, pour entendre une autre « musique de la langue. » Et eux, de constater que les voix anglaises sont plus profondes. Le goût du produit authentique, si vous voulez.
Certes, on objectera que cet apprentissage reste anecdotique et n’est pas réellement l’apprentissage des langues, au sens académique du terme. Au fond ce n’est pas très grave : leur curiosité pour l’étranger les pousse maintenant à nous réclamer de partir en vacances dans des endroits où l’on ne parle pas français. L’important n’est pas tant la capacité grammaticale parfaite (travers important de notre système éducatif) que la capacité de communication.
C’est donc bien leur futur que nous préparons, un futur dont on peut espérer qu’ils seront plus à l’aise avec les langues vivantes que les gens de notre génération, et donc plus à même d’approcher un véritable marché du travail européen, et non plus seulement franco-français.