Tout ce que vous vouliez savoir sur atmedia2005 (ou pas)

Un semblant de résumé du premier événement du genre en Europe. Développeurs web, spécialistes en accessibilité, gourous, la totale.

Pour ce que j’en sais, la conférence atmedia 2005 est la première du genre en Europe. Ce qui explique sans doute pourquoi les organisateurs ont sous-évalué le niveau de l’assistance ; le deuxième jour en revanche était d’une meilleure qualité.

Anecdotes de voyage

Dans le train, le steward annonce que "We have at your disposition a bar-buffet". Avec son accent, il le prononce "bouffer", ce qui se défend pour de la nourriture !

Me voilà donc parti de Paris. Le prochain quai que je foulerai sera londonnien. Un petit pas pour les costards-cravates qui composent en majorité ce train, mais le résultat de quelques mois de pugnacité pour moi.

Je vais donc assister à atmedia 2005, rien que ça ! La moitié des vedettes mondiales du web viennent disserter sur les standards, l’accessibilité, les processus de développement en intégrant toutes ces contraintes. Je suis impatient d’y être : étonnant, non ?

Je laisse à la maison "mes deux femmes", ce qui est d’autant plus triste que Stéphanie aime se promener à Londres. Mettons qu’on y revienne l’année prochaine.

Les secousses du train sont feutrées mais bien réelles. Je me promets de scanner la page manuscrite pour preuve, et je pose mon stylo. On verra plus tard pour la suite.

Les conférences

Dans l’ensemble, les exposés étaient intéressants, même si le premier jour était assez général et prêchait des convertis. L’assistance était principalement composée d’experts soit en code, soit en accessibilité —ou les deux à la fois.

Jeffrey Zeldman a fait sa présentation dans l’élégance : cet homme sait interagir avec un auditoire. C’est à ce moment-là que je suis passé en mode groupie, j’en ai peur. Il a parlé de choses connues sur le WaSP, mais il a aussi donné des détails des coulisses, ce qui nous permet de mieux comprendre l’histoire d’un point de vue général, en particulier la façon dont le WaSP a changé ses rapports avec les fabricants de navigateurs, passant de l’agressivité à la collaboration (ce point a été confirmé et développé par Molly Holzschlag le jour suivant).

J’avoue ne pas avoir été convaincu par la prestation de Douglas Bowman le premier jour. Il nous a expliqué combien les CSS sont fascinantes et quel bonheur il peut avoir à les utiliser comme outil de design web... mais son enthousiasme n’est pas passé. Mettons ça sur le compte du décalage horaire. Par contre, il nous a présenté le lendemain des détails pratiques de sa méthode de travail, et il faut bien dire que quand il est lancé, c’est un réel plaisir de l’écouter.

Pour le dire en quelques mots, le premier jour m’a un peu déçu, comme un certain nombre de carnetiers anglophones l’ont déjà noté. Les présentations étaient trop générales, et nombre d’entre nous avions l’impression d’être capables de faire aussi bien. Cela n’a rien à voir avec le talent et la qualité des intervenants, mais ça signifie simplement que le niveau de l’assistance était globalement plus élevé que prévu. Il n’y avait pas de décideurs dans l’assistance, personne à convaincre, pas de débutants : nous étions tous (ou presque tous) familiers des standards et de l’accessibilité, comme l’a noté avec humour Andy Budd.

Le deuxième jour, quant à lui, était bien différent : j’en ai rapporté de quoi m’occuper l’esprit un bon moment.

La présentation pratique de Douglas Bowman (accompagnée d’informations que nous ne connaissions pas sur les tenants et les aboutissants des décisions) était bien plus intéressante que les articles de son site. Des tuyaux concis et appliqués, des explications allant du schéma initial jusqu’au produit fini, il fallait vraiment voir ça. On ne peut vraiment pas faire passer autant d’information dans un article, fût-il aussi intelligent et détaillé que ceux de Doug, que dans une présentation vivante. C’est bien là le but d’une conférence, non ?

Joe Clark a exposé les principes d’utilisation de grosses polices et l’impression est bien la même : bien qu’on ait pu lire la même chose en ligne, c’est bien plus convaincant "en vrai". Je suis rentré chez moi en me demandant comment nous pourrions aider Joe dans son expérimentation (en situation réelle) qui consiste à fournir des feuilles de style différentes sur un site donné. Je n’avais jamais été complètement d’accord avec l’article de Chris, Learning to let go, parce que je pensais qu’un utilisateur ayant des problèmes de vue pouvait changer les réglages d’affichage de son ordinateur. Mais Joe m’a persuadé que d’une façon générale les utilisateurs ne sont pas aussi experts sur leur ordinateur que je le croyais. Ce sera pris en compte dans mes évolutions futures, restez à l’écoute [1].

La présentation de Molly Holzschlag était très intéressante, bien que, participant à des projets assez importants, je suis déjà familiarisé avec les bases de la gestion de projets. Le nouveau truc que j’ai appris, c’est la notion de squelettes CSS. Et je ne l’oublierai pas ! Le but de ces squelettes est double : tout d’abord, c’est une p**ain de bonne raison d’écrire du code standard, parce que le processus de développement est simplifié (comparez-le à un montage en table et pleurez). Ensuite parce que ça montre combien il est simple avec les CSS de séparer le look général d’un site (qui a à voir avec l’image de la marque, "l’expérience de l’utilisateur" à travers les couleurs, les polices, etc) et l’interface générale d’un site : les squelettes consistent en de simples styles en noir et blanc, qui vous permettent de préciser avec le client la disposition de l’information sur la page. Le client veut tel élément ici et pas là ? Deux lignes à changer dans la CSS, et boum, vous pouvez organiser immédiatement la nouvelle mise en page. Incidemment, le nouveau design de mon site n’est toujours pas fini dans Photoshop, alors que la mise en page générale est déjà codée dans une CSS quelque part sur ma machine : je n’ai pu que m’identifier à ce que disait Molly. En plus c’est un spectacle à elle tout seule, ce qui ne gâte rien !

J’ai vraiment adoré la démonstration d’Andy Clarke. Je vous parle de son look de Mod ? Oui, tiens. Andy Clarke est pour moi un des meilleurs orateurs britanniques présents. Le fait qu’il joue le ’total look’ de Mod change terriblement de notre uniforme de geeks, avec baggys et t-shirts par-dessus le pantalon. De plus il a ce charme anglais des années 60, sans compter son humour pince-sans-rire. Peu de gens peuvent dire "merde" devant une assemblée sans choquer personne. Le compte-rendu de son expérience a été très bien raconté par Joe Clark sur son blog, donc je n’y reviendrai pas, mais ce sur quoi il insiste est très vrai : les clients se battent les breloques [2] des standards et de l’accessibilité, ils sont plus attentifs à la cohérence de la marque, aux considérations liées au marketing, à leurs ventes, etc.

Je ne vais pas résumer chaque intervention (lire le blog de Joe Clark, entre autres, qui le fait bien mieux que moi), mais dans l’ensemble ç’a été un vrai plaisir d’écouter tout ce qui se disait, soit parce que j’ai appris quelques nouvelles astuces, soit parce que ça me confirmait que mes choix vont dans le bon sens (mon travail ressemble à celui de Derek Featherstone, si ça vous intéresse).

Mélangeons-nous un peu

Voilà la partie amusante !

Je suis arrivé mercredi soir, et à peine mon sac à dos posé dans ma chambre, j’étais ressorti prendre une bière au pub avec trois piliers d’evolt.org, Mike King, John Handelaar et Seb Potter. Un très bon moment, bien que j’aie eu un peu de mal à tout comprendre (les pubs sont bruyants et je suis un peu rouillé de l’oreille). Nous avons fini par être les derniers clients au pub, ce qui vous donne un indice sur la bonne soirée que nous avons passée.

Jeudi, mon jour groupie : j’ai pu applaudir Zeldman comme une star, papoter avec Douglas Bowman aux commodités. Tiens, voilà une anecdote (presque) drôle : nous faisions à queue à l’entrée des toilettes, et quelqu’un a dit "maintenant je sais ce que ça fait d’être une fille" (puisque, comme vous le savez, les filles font souvent la queue pour les toilettes pendant la récréation), et j’étais tellement obnubilé par le code que j’ai dit "moi, j’ai plus l’impression d’être un <li> dans une <ul>". Des regards interrogatifs se sont tournés vers moi, comme s’ils se demandaient de quelle planète j’étais. Tant pis, j’ai failli passer pour quelqu’un de sérieux.

Au buffet de midi j’ai eu l’occasion de serrer la main de Peter-Paul Koch, qui est vraiment très amical. Vous ai-je déjà dit que le premier morceau de Javascript que j’ai utilisé sortait d’un de ses articles, vers 1997 ou 1998 ?

À la soirée atmedia j’ai pu rencontrer Joe Clark et m’excuser du retard que j’ai pris dans la traduction pour pompage de Big, Stark and Chunky — c’est vraiment un gros retard, j’aurais dû finir entre février et avril. Je ne sais pas si "je suis fainéant" est une si bonne excuse, ceci dit. Honte sur moi.

Le lendemain j’ai pu échanger un peu avec Jeremy Keith (au passage, son exposé était riche, intéressant et vivant) sur la façon dont les synthèses vocales interprètent les contenus générés. Par exemple, Ajax pose un gros problème : JAWS ne sait pas qu’une partie de la page a été réécrite si c’est fait après l’événement window.onload.

J’ai gardé le meilleur pour la fin : j’ai passé ces deux jours avec Chris Heilmann. C’est un véritable amour, et nous nous sommes bien amusés ; bien sûr nous avons aussi beaucoup parlé du sujet pour lequel nous étions là. Chris a même été jusqu’à tester un script en plein milieu d’une présentation, et laissez-moi vous dire que je me suis senti comme un amateur quand j’ai vu son aisance dans Homesite et la vitesse à laquelle il code ! Nous nous sommes promenés dans Londres après avoir quitté la soirée atmedia, et là encore on a bien ri. Nous étions avec quelques Allemands dont j’attends les photos, et nous avons fait les touristes (Mise à jour : les photos sont là, merci Marc).

Trois gars du web sur les quais de Londres

Sur la photo, de gauche à droite : Gez Lemon, Chris Heilmann, moi.

Pour résumer

Globalement ces deux jours ont été incroyables, et je n’ai pas vu le temps passer. J’aurais aimé que ça ne se termine pas. Le niveau d’expertise des participants m’a soufflé, en particulier le deuxième jour. Patrick Griffiths a vraiment fait du travail de professionel pour un événement de cette ampleur, les locaux étaient superbes et l’ensemble hôtesses-badge-sac-accomodations était impeccable. Un grand merci à Patrick, donc, qui j’en suis sûr est déjà en train de viser encore plus haut pour l’année prochaine. Je suis déjà impatient d’y être. Deux jours, c’est trop court.

Notes

[1Je réfléchis à une méthode très simple : écrire une CSS en PHP qui rerouterait vers la CSS choisie, et stockerait les résultats dans une base de données, pour pouvoir restituer des chiffres réels à Joe précisant combien de pages sont vues avec une CSS spécifique, et combien avec les styles par défaut.

[2tentative de traduction fidèle de son "clients don’t give a monkey’s"

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