Le clochard

Dans mon village il y a un type dans un sale costume d’été jaunasse en toile, hiver comme été, assis sur un banc dans un petit parc qui fait face à la rue.

Un type un peu bedonnant, le visage rougi par les éléments, la barbe blanche à certains endroits, jaunasse elle aussi à d’autres.

Vous savez comment c’est, dans les villages. Les gens se disent bonjour, à force de se croiser tous les jours au même endroit.

Le moment terrible que je vis tous les jours c’est cette tentation de lui dire bonjour comme je le fais avec tout le monde —et cette répugnance à l’idée qu’il m’adresse la parole, qu’il s’approche et que je ne supporte pas son odeur, que j’imagine mauvaise.

J’ai honte.

Commentaires

  • > Le clochardOdin (27 décembre 2004)

    Rassurez-moi, ce texte a été écrit par un autre n’est-ce pas ? J’ai du mal à vous imaginer dans cette situation.

    Odin

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  • > Le clochardStéphane (28 décembre 2004, en réponse à Odin)

    À ton avis ?

    C’est ça qui est dur, justement.

    Répondre à Stéphane

  • > Le clochardAnonyme (31 décembre 2004)

    clair tu devrais avoir honte...tout se perd il pue et alors ?après trois jour sans ce doucher on pue touss...bonjour ne tue pas.
    Voila pourquoi la mentalité française n’évolue pas.....
    Cordialement
    Cédric

    Répondre à Anonyme

  • > Le clochardStéphane (31 décembre 2004, en réponse à Anonyme)

    Voila pourquoi la mentalité française n’évolue pas...

    Le souci, c’est que j’ai déjà rencontré des clochards, et qu’en les approchant j’ai eu des hauts-le-coeur, des vrais, des qui se voient.

    Entre le dégoût visible et feindre qu’on ne voit pas, je ne sais pas ce qui est le plus insultant pour ce pauvre homme.

    Répondre à Stéphane

  • > Le clochardStéphane (31 décembre 2004, en réponse à Stéphane)

    Entre le dégoût visible et feindre qu’on ne voit pas, je ne sais pas ce qui est le plus insultant pour ce pauvre homme.

    En fait ce que je voulais dire, c’est que je sais ce qui est le moins insultant : feindre la distraction.

    C’est triste, je le sais bien...

    Répondre à Stéphane

  • > Le clochardChan (1er février 2005)

    Hier, j’ai demandé à un clochard, véritable homme des cavernes, s’il voulait que je lui amène un blouson et des chaussures - là, son regard s’est illuminé. Quelqu’un lui parlait comme on ne lui avait peut être jamais parlé. Il existait tout simplement. Je lui promettais donc de revenir le lendemain, ce que j’ai fait. Il m’attendais, m’a dit qu’il avait peur de ne pas me voir, mais qu’au fond, il avait confiance en moi. Il m’a remerciée en me prenant la main à deux mains. J’ai eu un instant d’hésitation, et puis, je pense que cela aussi lui a fait du bien. Pour la première fois depuis longtemps, certainement, il existait. Ma récompense a été de lire un grand bonheur dans ses yeux, une lueur d’espoir sans doute.

    Répondre à Chan

  • > Le clochardStéphane (1er février 2005, en réponse à Chan)

    Bravo Chan, belle leçon.

    Merci de ton témoignage.

    Répondre à Stéphane

  • > Le clochardSamuel (13 octobre 2005, en réponse à Chan)

    bonjour à tous,

    il faut à tout prix comprendre une chose, c’est que nous sommes tous responsables des personnes que nous voyons à nos pieds. c’est assez difficile à entendre.
    tout le monde est susceptible de devenir cet homme ou cette femme qui tend la main. A savoir également que le fait de tendre la main n’engage pas forcement une reclamation pécuniaire, il est très symbolique de tendre la main. On peut alors symboliquement lui "prendre la main" ne serait ce qu’en lui parlant. ces personnes, qui ont des années de rue, ont une richesse énorme : ils nous permettent ,par exemple, d’appréhender differemment nos vies et de relativiser.

    une personne "en marge", est une personne qui permet de nous renvoyer à nous meme ; (car dans une dictée, c’est dans la marge que l’on corrige la plapart des erreurs.)
    On constate avant tout, en règle général, un "processus de clochardisation" qui, dans la plaupart des cas, prend racine dans un clash, un désordre, une carence affective. ainsi, la peronne s’abandonne tout comme et parce qu’elle se sent abandonnée.

    comprenez dès lors qu’une parole amicale, un clin d’oeil, une salutation de la main, un inclinement de la tete constituent les prémisses d’un message d’amour auquel il ne faut rien débourser pécuniairement. tout le monde est amené à, symboliquement, tendre la main ; tout est une question d’echelle, on a tous besoin d’amour et de reconnaissance pour savoir que l’on existe.

    Finalement, cette personne c’est vous, moi, eux... debout ou assis, sale ou propre, le besoin est le même à un degrès different.

    J’établi un mémoire destiné à ces personnes, que la rue a accueilli malgrè elle et malgré eux. Si tout témoignage vous semble précieux et important à vos yeux, j’aimerai vivement que vous me les fassiez parvenir et ainsi nouer contact si des questionnements vous surviennent. je laisse mes coordonnées :

    Sam_le_pirate18@hotmail.com

    merci d’avance

    Répondre à Samuel

  • toto (19 juin 2007)

    Et alors il n’a pas le droit de vivre "l’homme qui sent mauvais", peut être que si tu lui avais proposé une douche, un repas chaud et quelques paroles aimables il aurait pu te raconter pourquoi il en était arrivé là ? tu sais la vie n’épargne personne, même ceux qui se croient au dessus de tout. Tu vis bien ta vie, tu regardes c’est homme, et tu te dis qu’elle misère. Mais peut être que c’est homme qui sent mauvais avait un autre regard avant, peut être que la société l’a détruit avant, peut être que....., peut être que.
    Tu sais, dans sa tête, il y a certainement des rêves que tu ne peux immaginer. "ET PUIS, qui te dit qu’il ne pense pas en te voyant passer devant lui, "J’AIMERAI BIEN LUI PARLER ?"
    "OSE"

    Répondre à toto

  • Stéphane (20 juin 2007, en réponse à toto)

    Tu le fais, toi ?

    Je ne dis pas plus que ce que j’ai dit.

    L’agressivité genre Et alors il n’a pas le droit de vivre n’a pas lieu d’être, merci de rester courtois.

    Répondre à Stéphane

  • Salomé (1er novembre 2007)

    C’est très bien écrit... Qui ne se reconnaît pas dans ce passant mal à l’aise, qui ne sait quoi faire...

    Mes félicitations à la personne qui n’a pas penser qu’à elle, qui a pris son courage à deux mains et qui a proposé son aide à ce pauvre homme, qui rappelons-le nous, n’a rien de monstrueux... Vraiment j’admire ceux qui font ce merveilleux pas que je n’ai jamais réussi à faire...

    Tout comme toi, j’en ai honte, mais j’en suis sûre je vais changer, je vais y arriver, et je t’encourage à en faire de même, et à ne plus culpabiliser.

    Répondre à Salomé

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