Petite tête de balai-brosse

De ces expressions qui restent vivantes même quand leur auteur n’est plus là.

Je garde un très fort souvenir de mon dernier instituteur à l’école primaire, M. Moussière. Je vous en ai déjà parlé, dans des circonstances bien tristes.

Tenez, un souvenir qui me revient à nouveau : il avait quelques expressions rituelles, que je n’ai jamais oubliées, et qu’il partageait avec son collègue de la classe d’à côté.

Par exemple quand le car qui nous emmenait à la piscine était arrivé devant l’école, son collègue ouvrait la porte, et, à chaque fois, s’exclamait : « Le car y bout ! »

Quand venait l’heure du cours de mathématiques, ce n’était jamais « les mathématiques », c’était toujours les « mathématiques-tiques-tiques du gendarme » (en référence à la chanson bien connue de Bourvil).

Et puis, aussi bien ce qui nous rentrait dans la caboche que ce qu’on ne voulait pas comprendre provoquait immanquablement un « vos petites têtes de balais-brosses ».

Comment j’ai pensé à lui, il y a deux semaines, juste avant la première rentrée de ma fille, comment le rapprochement s’est fait ? Je ne sais pas vraiment, à part que, comme je vous le disais, j’y étais attaché.

Alors quand ma fille m’a demandé pour la énième fois pourquoi j’ai oublié telle ou telle chose (distraction légendaire du papa, c’est connu), je lui ai répondu « hé bien, c’est parce que j’ai une petite tête de balai-brosse ».

Maintenant, chaque fois que l’un de nous oublie quelque chose, je dis « petite tête », et cette petite voix de lutin me répond « de balai-brosse », avec cette diction perfectible mais tellement adorable dans son imperfection et ses aigus.

Et à nouveau je repense à lui. C’est bien vrai qu’on reste vivant tant que les gens pensent à vous.

(une pensée, aussi, pour un camarade avec qui j’ai tchaté hier soir et qui se reconnaîtra).

Commentaires

  • Marie (28 septembre 2007)

    C’est bizarre la vie car on parlait de ce grand bonhomme,aussi bien par la taille que par la caractère, qui nous appelait "petite tête de balai brosse", pas plus tard que dimanche avec son neveu qui est aussi mon meilleur ami. Alain pour le nommé nous a, à tous, laissé des souvenirs de classe impérissables. Et pour ses proches, je le connaissais moins que toi, il a laissé un grand vide.
    Je comprends qu’avec la "Pioupioute" ou "Miss Camille" comme on veut tu puisses te souvenir encore un peu plus de "Notre Monsieur MOUSSIERE".
    Mais il est toujours là au travers de ce qu’il nous a enseigné et quand je pense à lui je l’en remercie....

    Répondre à Marie

  • emmo (27 octobre 2007, en réponse à Marie)

    Les défauts de nos morts se fanent, leurs qualités fleurissent, leurs vertus éclatent dans le jardin de notre souvenir.

    Répondre à emmo

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