Cachez ces pauvres que je ne saurais voir...

Sur France Inter ce matin, à "Questions directes" (oui, j’étais encore en retard au bureau !), Stéphane Paoli recevait Robert Badinter, grand défenseur s’il en est de la cause de la justice et des droits de l’Homme. Il est responsable de la Commission de Célébration du Cinquantenaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Sur France Inter ce matin, à "Questions directes" (oui, j’étais encore en retard au bureau !), Stéphane Paoli recevait Robert Badinter, grand défenseur s’il en est de la cause de la justice et des droits de l’Homme. Il est responsable de la Commission de Célébration du Cinquantenaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Robert Badinter répond aux questions du journaliste en précisant bien qu’il existe des pays où les droits de l’Homme ne sont encore que très partiellement respectés. Il explique aussi qu’avec l’émergence des nouvelles technologies de communications, le décalage Nord/Sud n’a jamais été aussi marqué, la différence entre les pays riches du Nord et les pays pauvres du Sud n’a jamais été aussi forte.

Pour autant, Badinter dit qu’il ne faut pas se voiler la face : souvent, ceux qui vont se gargariser de droits de l’Homme le samedi et le dimanche sont aussi ceux qui remettent les pieds dans la Realpolitik le lundi. Nos dirigeants sont bien obligés de mettre de l’eau dans leur vin. Ainsi, par exemple, en réponse à l’insistance de Stéphane Paoli à lui demander son avis sur l’anecdote du Dalaï-Lama et des difficultés de l’Elysée à le recevoir en ses murs tout en faisant la risette aux vieux pontes racornis qui se disent "dirigeants démocratiques chinois", Badinter répond que le Dalaï-Lama a un régime frugal et que les agapes de l’Elysée ne lui manqueront pas. Habile rhétorique pour masquer, peut-être, le fait qu’il parle au nom d’une commission émanant de l’Etat, et que par extension il devient porte-parole de la langue de bois qui nous gouverne.

Pour moi, cette polémique est importante, mais c’est aussi l’arbre qui cache la forêt.

Car enfin, n’oublions pas que notre pays, terre d’accueil, de libertés, terre (justement) de la Déclaration Française (1789) et Universelle (1948) des Droits de l’Homme, est épinglé tous les ans par Amnesty International pour ses entorses à ces mêmes droits.

N’oublions pas qu’on se flatte de l’arrestation d’un Pinochet tout en tapant dans le dos d’un Laurent-Désiré Kabila.

N’oublions pas qu’on fait construire une Grande Arche tandis que des immeubles sont et restent désespérément vides et chauffés. N’oublions pas que des sans-logis investissent ces mêmes bâtiments avant d’être évacués (courtoisement ou pas) par la police. Plutôt crever au froid que d’abimer la propriété inutile du thésaurisateur.

N’oublions pas que de par le monde plus d’un milliard de personnes ont moins de cinq francs par jour pour vivre, que la France, n’en déplaise à nos hommes politiques, est sur la même planète et qu’elle a, elle aussi, son lot de pauvres.

N’oublions pas que nous nous faisons complices passifs de meurtre chaque fois que nous renvoyons des sans-papiers dans leur pays quand ils y sont condamnés à mort.

N’oublions pas que nous vendons des armes aux régimes que par ailleurs nous critiquons mollement pour ces fameux "crimes contre l’humanité".

N’oublions pas qu’il est plus facile de coincer un vieux grabataire alourdi de médailles dans un hôpital britannique qu’un tyran à la tête de son armée, et qu’on ne se prive donc pas d’arrêter le premier et de serrer chaleureusement la main du deuxième.

N’oublions pas que c’est Noël. Je ne vais pas acheter de sapin, cette année.

Commentaires

  • bonjour pouvez vous me dire ce que le dalai lama a demandé à manger ce jour là, ? ça n’est pas un canular, c’est pour un jeux de qustions, merci
     !!

    Répondre à Anonyme

  • Bonjour,

    Excusez-moi mais je trouve ça amusant : je vous parle politique et vous répondez jeux... Je ne vous en veux pas, notez bien... Je suis étonné, voilà tout. (si j’étais dans une de mes bonnes journées, j’extrapolerais bien, à partir de votre question, une généralité qui voudrait expliquer en partie l’état de notre démocratie... du pain et des jeux, etc etc)

    Et pour vous répondre précisément :

    • un Martini on the rocks
    • quelques olives
    • une capilotade de grenouilles en persillade
    • un faisan sur canapé
    • un morceau du gigot de chevreuil grand veneur fait exprès pour sa visite
    • des escargots
    • un gros morceau de brie, et, me suis-je laissé confier, une part de Caprice des Dieux en cachette
    • de la bûche
    • le tout arrosé d’abord de Chablis, puis d’un petit Puisseguin Saint-Émilion de toute beauté
    • café, mignardises
    • et l’addition

    Répondre à Stéphane

  • là je crois que tu pousses un peu loin le bouchon maurice...

    Un autre chercheur de réponses

    Répondre à zo

  • ... d’autant que si, avant de poser la question, on relit ce que j’ai écrit à l’époque, on notera que je ne sais pas répondre à cette question.

    Pour moi le Dalaï-Lama n’a justement pas mangé à l’Élysée...

    Répondre à Stéphane

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