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En résumé : le terme « évangéliste » a vécu ; le bâti est inaccessible ; le handicap peut déclencher de belles choses ; et toujours le handicap.

« Évangéliste » a vécu

Dans It is time to ditch the title “Evangelist” from Accessibility, Ronise Nepomuceno compile un certain nombre de détails historiques et propose une très bonne réflexion sur le sujet de l’évangélisation, avec ce que ça comporte de connotations ; il est peut-être grand temps de ne plus utiliser ce terme.

Il y a des années de ça, une camarade libriste me disait ne pas vouloir utiliser ce terme. Je l’avais gardé, n’en trouvant pas de meilleur, maintenant je vais l’abandonner de mon CV et en chercher un autre.

Accessibilité du bâti

Je ne sais pas si vous vous rappelez de la Loi Élan si vous ne travaillez pas dans le domaine de l’accessibilité ou si vous n’êtes pas handicapé·e ou sensibilisé au sujet, mais bref. C’est une loi qui part du principe que ce n’est pas très grave de ne pas construire 100% des logements accessibles, vu que le handicap moteur, allons allons, ce n’est qu’une très petite proportion de la population.

Micro-moments simples et doux, je l’ai quittée toute réjouie.
Émerveillée comme une gamine qui n’est jamais invitée aux anniversaires.
Mais sur le chemin du retour, je ne sais pas trop pourquoi, une rage folle est montée en moi.
Non je suis pas reconnaissante. Je suis furieuse contre vos logements inaccessibles.

Je crois que c’est le caractère improvisé et banal de tout ça qui m’a fait vriller. L’idée que c’est votre quotidien à tous, et que c’est la première fois que je peux faire ça chez cette amie alors que je la connais depuis 20 ans.

Si tu ne partages pas cette colère, c’est qu’il te manque un morceau d’âme.

La minute cinoche : On est fait pour s’entendre

Je recommande très fortement On est fait pour s’entendre, film de Pascal Elbé (lui-même malentendant) qui raconte très bien tout le chemin vers l’adoption des appareils auditifs notamment, y compris les moments un peu burlesques où on confond les sons.

Quand on m’a diagnostiqué, j’ai eu la même réaction que le personnage, presque au mot près :

« Ah c’est facile votre truc, les mots sont répétés !
— Oui, et chaque fois vous avez dit “tricot”pour “tripot”. »

Grand moment de solitude.

Cependant ce n’est pas « juste » une histoire sur le handicap (pour ça, voir Sound of Metal, film épatant mais un peu plombant mais pas tant que ça, totalement centré, lui, sur le handicap et le cheminement vers l’acceptation), c’est aussi une comédie romantique, souriante, portée par des gens radieux.

Et puis voir Sandrine Kiberlain dire que la malentendance a son charme, bah c’est toujours sympa.

Mention spéciale aussi pour François Berléand, épatant.

« Malgré le handicap », « aller au-delà du handicap »

Je vais vous mettre un extrait d’article tel quel, sans trop le commenter, juste vous dire que j’abonde dans son sens.

Quand nous accédons aux sphères publiques ou accomplissons des choses, c’est toujours « malgré notre handicap ». Mais on ne fait pas malgré, on fait avec, comme on fait avec d’autres éléments qui forgent ce que nous sommes. Personne n’a envie d’être réduite à un seul aspect de son existence, que ce soit pour l’encenser ou le stigmatiser.

Ce genre de discours, s’il rend notre existence théorique visible, participe à nous effacer dans la vie réelle. Il entretient la difficile acceptation pour certaines de s’approprier le terme “handicapée”. Une autre conséquence peut être de pousser à performer la « normalité », à se cacher. Parce la bonne handicapée, c’est celle qui va « au delà de son handicap », dépassant ses limites, pour ne pas trop peser sur la vie de ses pairs.

Allez, si, je commente : on est tous des gens normaux, handicap ou pas, avec des forces, des faiblesses, des jours avec, des jours sans.
(PS : lire les Dévalideuses, ça décrasse le cerveau.)

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