Taille humaine

Dans « taille humaine » il y a « humain ».

David parle de technologies :

Comment est-ce que vous avez réussi à garder une équipe à taille humaine  ? Quelles mesures avez-vous mis en place pour conserver un ensemble technologique cohérent, compréhensible et maintenable  ?

Mais en fait la question se pose plus largement pour tout.

J’ai eu un souci technique (raccordement à une ligne terrestre pour me connecter à internet), et la taille de l’entreprise à laquelle je fais appel a rendu très compliquée l’opération : un défaut matériel (plus aucune fibre encore en état) m’a vite conduit dans un dédale de services qui se parlent sans se parler, de prestataires et de sous-traitants. Plus important, chaque intervenant technique constatait que les précédentes interventions étaient faites sans se soucier de l’avenir : il fallait travailler rapidement, salement si besoin. Et les prestataires de toutes les entreprises qui sont passés ne se sont pas privés, à voir l’état de l’armoire à fibres dans la cave de ma résidence.

J’ai commencé à y voir, par extrapolation du sale gauchiste que je suis sans doute, tous les travers de la privatisation de services publics, auxquels on ajoutera la sous-traitance de toutes les opérations « à faible valeur ajoutée ». Au passage cette notion de faible valeur ajoutée me fait grincer à chaque fois, parce qu’enfin, sans ces raccordements, par exemple, c’est tout le reste qui est paralysé, tout ce qui est censément à « haute valeur ajoutée » (mais on ne le dit pas, par pudeur pour son avidité, on dit « vecteur de croissance »). Le problème est présent partout, que ce soit à la poste, dans les télécommunications, dans l’électricité. Le moindre couac devient un spectacle kafkaïen. Mais les sociétés grossissent, grossissent, et les dividendes avec.

(Au passage, la sous-traitance pour un certain nombre de tâches est très capitaliste : la masse salariale c’est du passif, berk berk, ça coûte et ça n’apporte rien ; la sous-traitance c’est de l’actif, valorisé comme de l’investissement, ça coûte souvent beaucoup plus cher mais ça ravit les actionnaires et ça c’est bon, Coco.)

Mais je m’égare. Revenons à nos moutons : la taille humaine. Je disais que la question se pose plus largement, parce que David évoque un ensemble technique cohérent, or pas plus tard qu’il y a deux jours je discutais avec un mien camarade qui ne travaille justement pas dans la technique, et qui prend très souvent des apprentis et des stagiaires, pour le double bénéfice d’explorer des sujets sur lesquels son équipe n’a pas le temps et les ressources de se pencher (la R&D ça ne paye plus comme avant, il faut croire) autant que pour partager son savoir et sa passion avec des petits nouveaux.

On en vient à évoquer le recrutement, les équipes qui grossissent, etc., et là il m’explique que son équipe (une dizaine de personnes) est arrivée à son maximum et qu’il s’interdit de recruter au-delà, parce qu’ensuite il ne pourrait plus avoir le bon niveau d’interaction avec les personnes qui composent ladite équipe.

C’est vraiment intéressant, je trouve, d’observer ces deux dynamiques. La croissance en tout (crédo de la société industrielle, puis libérale) contre la dimension humaine que certains ont à cœur de conserver envers et contre tout.

Commentaires

  • Luc (18 avril 2021)

    Dix, c’est aussi le nombre max de salariés qu’on s’est fixées à Framasoft,justement pour avoir des interactions correctes avec les collègues.

    Attention, l’association est par contre grande (±35 membres).

    Répondre à Luc

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)