Nous discutions avec Véro il y a quelques jours, des choses qu’on apprend, de celles qu’on laisse en chemin, et du pourquoi : notamment, pourquoi conservons-nous tant de choses de culture générale, qui ne sont pas « utiles » dans nos besoins quotidiens, par exemple de travail ?
J’émettais l’hypothèse que la culture générale a à voir avec notre propre perception de notre richesse (au sens non-matériel du terme), alors que les choses professionnelles qu’on oublie mais qu’on sait retrouver ne sont finalement que l’objet d’une gestion pratico-pratique : on sait où les retrouver, on n’a donc pas besoin de s’encombrer de tout ça tout le temps (par exemple les subtilités de certaines règles CSS).
Je repense à cette discussion aujourd’hui, eu égard à un super tutoriel pour Photoshop que j’ai vu cette semaine. En le voyant je me suis dit : « Ah, chic, c’est excitant, et avant on pourrait faire une rotation de ceci et une déformation en perspective de cela. »
C’est alors que je me suis rendu compte que j’avais toutes ces commandes au bout des doigts il y a vingt ans, autant dans les raccourcis clavier que dans les boutons, les menus, et qui fait quoi malgré les noms parfois abscons des logiciels spécialisés ; et qu’aujourd’hui je ne suis plus capable de faire la première de ces manipulations sans un énorme effort. Je suis lent, c’est pénible, je cherche tout.
Et je me dis qu’il y a là deux notions distinctes : la connaissance (savoir ce que tel outil sait faire, ce que telle notion recouvre, etc.) et la compétence (savoir effectivement faire les choses).
Le temps passe, on change de compétences, on fait de la place pour autre chose. Ce que je trouve vraiment passionnant, au fond, c’est le fait qu’on comprend de plus en plus largement notre métier, par exemple, parce que la surface de notre culture augmente.
(À rapprocher des réflexions sur les généralistes, les spécialistes, et les profils en T.)