Burn-out et politique

Je m’inquiète pour la santé de mes concitoyens.

Cher Emmanuel,

Je me permets de te tutoyer, je sais que tu peux trouver ça un peu malvenu, eu égard à ton rang, mais après tout toi et moi sommes des citoyens, enfants de la Révolution Française [1], et les citoyens se tutoient, sans même que ça ne marque l’irrespect [2]. Il s’agit plutôt de dire simplement que nous sommes français, du pays des droits de l’homme et tout ça.

Et puis bon, j’ai un diplôme et un emploi donc si je comprends bien j’ai le droit de faire un peu l’imbécile. J’ai même une montre achetée dans un avion, ça ne vaut pas une Rolex mais c’est suffisamment classe pour me donner l’heure, tu vois si je suis moi aussi dans un capitalisme pragmatique, à deux doigts d’égaler un Séguéla [3].

Cher Emmanuel, donc,

J’ai cru comprendre que tu avais un souci ces jours-ci, que malgré l’apparent « chef de l’État fringant et sûr de lui » comme dit Le Parisien, tu étais « rincé », « essorré », que dis-je, « proche du burn-out ». Le Parisien parle même de mauvaise passe.

Je suis inquiet pour toi, citoyen, et pour notre pays qui ne va pas si bien. Il faut dire que tout est compliqué, comme se débarrasser du glyphosate ou comprendre la misère des pauvres, ceux qui ne vont même pas dîner une fois par mois au restaurant.

Moi aussi en mon temps j’ai frôlé le burn-out, et c’est bien parce que comme toi j’étais bien entouré que je m’en suis sorti. J’ai allégé une partie de ma charge ; toi tu peux te reposer sur tes ministres, par exemple — au hasard l’Intérieur, tout à fait à même de gérer l’expression populaire le samedi.

Je pense comme toi que « pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable ». Après tout, « quand on est fragile, […] on ne se met pas dans des situations comme celle-ci ».

J’ai fini quant à moi, au bout de deux ans, par quitter l’emploi qui me provoquait trop de stress ; j’étais à peine plus vieux que toi mais la santé n’a pas de prix, quel que soit l’argent qu’on peut y consacrer (ou pas). J’espère pour toi que tu feras les bons choix, et il me reste évidemment à te souhaiter un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse.

Bien à toi, cher concitoyen.

Notes

[1C’étaient des genres de gilets jaunes mais comme à l’époque on n’avait pas inventé le tissu réfléchissant, ils avaient quant à eux des bonnets phrygiens. Oui, un peu comme les Schtroumpfs de notre enfance.

[2Voire le contraire : quand je tutoie Davduf par exemple, je lui marque mon respect et mon affection. Mais tu me diras peut-être que tu n’es pas Davduf.

[3Même, « à deux doigts d’égaler un Séguéla » sonne presque comme un vers de chanson. Je le donne à qui le veut, ces contenus sont en Creative Commons.

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