Journal Officiel

Fin d’une époque, fin du Journal Officiel en version papier.

Kozlika nous partage un petit chamboulement des administrations françaises (et en profite pour nous offrir une jolie dose de jargon plein de décorum) :

Sous ses dehors rugueux, le rotativiste est un sentimental et son âme lourde pesait jeudi quarante-cinq grammes.

J’ai beau le savoir, depuis vingt-cinq ans de vie professionnelle commune, j’ai été touchée ce matin en croisant le prote des rotos dans la cour industrielle de notre Vénérable Entreprise. Il se doutait bien que nous serions quelques-uns parmi les anciens à souhaiter garder en souvenir un exemplaire du dernier 45 grammes de la maison et il nous en avait mis de côté dans son bureau.

Dans une vie antérieure, je travaillais dans l’administration. Les gens de mon grade étaient à tour de rôle « de courrier » le matin (ouverture, épluchage, répartition par service), à une époque où le mail n’avait pas encore droit de cité [1]. Ceux qui s’y collaient le mercredi ou le jeudi (je ne sais plus) recevaient aussi le Journal Officiel et, périodiquement, les mises à jour du RLR.

Le RLR c’est le Recueil des Lois et Règlements [2]. Un jeu de classeurs énorme, comprenant toutes les lois relatives au ministère de tutelle. Par exemple dans l’Éducation Nationale nous recevions tout ce qui concernait l’éducation, mais aussi tout ce qui concernait la formation professionnelle, ainsi que tout ce qui concernait le droit des fonctionnaires et la propriété intellectuelle.

Un petit paquet de petites fiches, qu’il fallait intercaler dans l’existant ou substituer aux anciennes (« Cet article 3 annule et remplace l’article 3 de la loi du… »).

Chaque fois que j’ai dû le faire, j’ai été épaté par la précision absolue de ce qui était livré. Jamais de fautes, jamais d’erreurs de numérotation, jamais d’errata à la livraison suivante.

(Je suppose que les mises à jour du RLR ont depuis longtemps été remplacées par des référentiels en ligne, toujours à jour, un peu comme ce qu’on voit sur Légifrance.)

L’Imprimerie Nationale a toujours gardé pour moi cette aura d’excellence. Le Service Public dans toute sa noblesse et sa précision.

Notes

[1Peu avant mon départ en 1999, l’Inspection Académique s’est vue doter d’une adresse mail, une seule, pour les 80 personnes qui y travaillaient. On doutait encore de son utilité.

[2J’aurais eu tendance à mettre un accent aigu (« Réglement ») mais on dirait que je fais dans l’archaïsme sans m’en rendre compte : Firefox me rappelle à l’ordre.

Commentaires

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)